Mais la voyelle quand même doit avoir un langage, le son doit avoir un parler, et la sonorité conduire à quelque chose captable par l'esprit, et non uniquement par la seule sensibilité.
Or ici sensibilité et esprit sont la même chose, si près l'une de l'autre qu'on peut les confondre, quand le timbre au sein de la lettre dépasse certains plans angéliques — car la lettre a un timbre que l'être lui-même y met, comme un habit extérieur au timbre intime et universel du son-lettre.
Le a qui est prononcé par l'homme est intégré à son esprit, et en rejetant le a, l'homme livre son essence d'être: dans ce a donc, il a mis son timbre, son âme projetée.
Et là sera la diversité des a à l'infini, prononcés par le même homme au cours de sa vie.
Donc le a est ici une matrice où l'homme met son âme, un vase pour transporter au dehors une liqueur d'être. Et ce vase est à tous. Etant à tous, il doit avoir une essence, un dénominateur commun qui le rende utilisable par tous. Qu'est-ce que le a exprimé, son son métaphysique ?
Quand l'homme dit a, il dit: je suis, — premier cri de présence de la naissance, et qui nous suivra toute la vie.
A est le geste d'être, la conscience qui s'exprime. Dans la musique, a est le souffle de vie et de chaleur. Le a représente ici l'être conscient à soi-même — premier geste de savoir, état de conscience qu'on est, et qui prélude à toutes les formes de conscience, quelles qu'elles soient.
Et le langage de durée, d'objet, de coloration et de lieu suit: la conscience devient consciente d'elle-même d'abord, puis de l'objet d'amour et de savoir, — puis de la coloration d'être, — puis du lieu de vie correspondant au corps d'esse, d'existere, et d'agire.
Et la conscience de vie est complétée ainsi, et le langage se sait à travers soi, à travers l'espace de vivre, à travers le temps de vivre, et l'objet qu'il renferme, et la nuance d'esprit, et le lieu dans la Nature.
La langue ainsi est devenue consciente d'elle-même et de la vie par les cinq voyelles vitales.
Et ce seront les différents états de conscience que la langue ainsi traduira. Le langage est d'abord geste de conscience exprimé par sons métaphysiques.
Le cycle de conscience est bouclé par les voyelles. Ce seront les cinq doigts de saisir la vie, qu'on pourra soulever d'un doigt en désignant seulement le lieu d'être, le i métaphysique, – ou y mêler les autres lettres pour donner un sens plus complet de localisation spirituelle, en y mêlant les formes et les essences, comme j'ajouterai un arbre au ciel pour le décrire, et donner à ce lieu indéfini un objet fixe, et mettre une couleur sur ces eaux pour l'animer, et décrire l'espace des champs pour dire l'âme de leurs formes.
Ainsi les voyelles métaphysiques s'épauleront dans le dire absolu de conscience.
Puisque chaque voyelle correspond à un état de conscience essentiel de la Toute-Conscience du Savoir, sur le clavier des voyelles métaphysiques donc la main de l'esprit pourra jouer à l'infini, en combinaisons de nuances sans bornes, par les consonnes, enfants du clavier à cinq doigts, enfants sonores des voyelles-mères.
Et le mot infini pourra naître. Mais hélas, (comme je l'ai dit plus haut), nous sommes ici dans le domaine de l'absolu où le son et la pensée (l'état de conscience) s'accordent. Cette conjonction, de nos jours, a disparu. Comme nous sommes loin aujourd'hui des essences et de l'absolu! Mais toutes ces choses doivent être dites, afin que connaissant clairement le but, nous pussions y marcher.
Cet écrit est une philosophie de la musique. Et toute philosophie doit chercher à découvrir l'absolu, révéler les essences, aller aux causes.
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