La voyelle est un geste de l'affectif, mais qui génère l'intelligence.
Le rayonnement de la voyelle est esprit. Son “soleil” est sensibilité.
La voyelle donc est un geste de musique métaphysique, où le son-soleil génère l'esprit-rayon.
La voyelle est le soleil des mots émettant sa radiation.
Qu'est cette “radiation”? Car c'est elle qui d'abord nous frappe.
Il y a la foudre, et il y a l'éclair.
La foudre, c'est le son a. L'éclair, c'est l'esprit jaillissant de ce a-voyelle.
L'intelligence du a découverte, une prodigieuse essence serait entre nos mains.
Mais pour comprendre la lumière, point n'est nécessaire de voir le soleil: il suffit qu'elle éclaire. Qu'elle éclaire quoi ? Qu'elle éclaire le monde vivant. Et on dira : “Voici la lumière, car on aura vu par elle l'existence des choses”.
La lumière jaillissant du a, qu'éclaire-t-elle ?
Elle éclaire des panoramas en nous. Quand l'esprit est frappé par ce jet de clarté, le monde intérieur semble respirer. Le a donc correspond aux poumons de vie. A met un large espace dans les mots. Sans cette voyelle, la parole respirerait moins. Donc le a est le poumon des lettres. Et la chose que le a éclaire en nous, en y mettant la respiration de vie, est l'espace, l'atmosphère intérieure. A et le spatial des voyelles.
La voyelle o est le geste temporel, comme l'indique son prolongement en le prononçant. Le mot contenant le o a un geste de durée.
Avec le e, commence la forme, l'incarnation: l'objet paraît, la vie est née.
Et u est le geste de la couleur.
Et i est la fixation dans l'espace et le temps.
Ainsi le cycle du vivant est complété, le paysage intérieur est illuminé. La lumière a découvert enfin son objet.
L'entendement ne peut se passer d'espace, de temps, de forme, de coloration, et de lieu dans le fini de la vie. Le tout fait l'image.
A, o, e, u, i donc est une synthèse. Une de ces lettres manquante, et nulle autre n'aurait pu exister. Aucune n'aurait pu vivre de sa vie propre, si les quatre autres n'existaient pas.
Voici pour le geste de vie concrète.
Entrons maintenant dans l'“affectif” de ces voyelles, dans leurs soleils.
Ici est le geste musical, le son métaphysique.
A, o, e, u, i sont des gestes de l'affectif et se lient comme les cinq doigts de la main, — mais dont ni la longueur des sons, ni le volume, ni la quadrature est la même.
aserait le pouce, geste d'espace.
oserait l'index, le geste indicatif au delà des temps.
eserait le majeur, le doigt le plus concret: l'objet.
userait l'annulaire, geste tout en nuances: la coloration affective.
et iserait le petit doigt, le geste du bon-sens qui n'indique jamais qu'une place à terre: le lieu.
Par cette correspondance de la main, entrons dans le sens des voyelles affectives.
Quand je prends un objet, les quatre autres doigts “s'appuient” sur le pouce. D'un côté le pouce, et de l'autre, les quatre autres doigts qui retiennent.
Ce qui veut dire que le a " balance " spirituellement o, e, u, i. Sur un des plateaux sont o, e, u, i, et sur l'autre plateau est le a.
On peut voir une correspondance par là-même entre Dieu et sa Création.
A serait le Un, la lettre universelle, le geste-charnière de la langue, le son pivotal, l'essence et l'âme de tout-son, puisque Dieu est dans tout, et le un contient tout et tout le contient.
Donc dans le o, dans le e, dans le i, il y a le a. Mais le a n'est pas visible ici, c'est un geste insonore, une prise de respiration avec de prononcer les autres voyelles: une inspiration qui est renvoyée d'essence dans l'expiration, et où, dans la prononciation du o, du e, du u, du i, une première voyelle insonore est dite, et qui est le a impalpable, qui donne l'élan aux autres lettres.
Donc le a est l'universelle impulsion. C'est lui qui propulse toutes les autres voyelles : il est le souffle essentiel.
Donc affectivement et vitalement, a est l'amour: l'amour générateur et premier, dont tous les autres amours de la terre découlent. C'est le la absolu d'aimer, l'Amour de Dieu, l'amour universel.
Aussi le a dans le chant est son geste universel. Et toutes les notes le contiennent, tous les diapasons, tous les timbres, et tous les tons. A est l'essence-son, dont nulle autre note vivante ne peut se passer, comme sans Dieu tout disparaîtrait.
Aussi a est la vie du son — la musique en essence.
Mais passons aux amours secondaires, aux voyelles tributaires.
Alors que a est l'espace essentiel, sans quoi rien n'est contenu, — o est la durée du son, le geste d'amour dans le fini, le temps d'aimer, qui sert d'assise à l'espace du cœur, qui prolonge le souffle, qui fait durer, qui fait passer l'infini de goûtaison, qui est l'intemporel, dans le temporel. Le o condense l'espace spirituel du a infini dans le fini, en lui donnant le temps pour vase. Par le o, l'homme aime dans le temps. Mais quoi ?
Ici entre en jeu l'objet d'aimer, le e. L'amour a un but hors du a universel. L'amour vient vers la terre et embrasse l'objet. Le a a trouvé un but dans le temps, le souffle est entré dans l'objet, et par l'objet, l'amour a eu un corps. Le Souffle de Dieu Universel, le a, a donné un corps de vie à la glaise, et la glaise a respiré, a respiré par l'amour, et l'Amour de Dieu a amené l'amour humain.
Et la lumière du a frappant sur l'objet d'aimer, lui a donné coloration. L'objet par la couleur a obtenu l'intelligence d'aimer, les gestes de l'esprit dans le cœur pulsant, et l'objet désormais aime et pense conjointement son amour, la lettre e et la lettre u. Le geste d'aimer a eu une raison d'aimer. Et l'esprit est né au sein de l'amour.
Or il manque un dernier geste au tout. L'objet doit avoir une position dans l'espace, une assise dans l'ambiance, un site, une demeure pour le cœur et l'intelligence. pour que la chose aimante ait individualité, il faut qu'elle ait un corps, un lieu une place fixe dans le visible du fini. Et le lieu qui va naître, tous les gestes qui prendront corps, — c'est le i.
Le cycle est maintenant clos. La cosmogonie du parler est complétée. Et le langage a passé par la genèse, et voici il paraît au monde.
Par l'amour universel jusqu'à l'amour humain, sa forme, sa représentation et son lieu, Dieu est descendu jusqu'à la dernière cellule.
Et tout ce qui s'applique à l'homme s'applique à toute la vie.
Mais au sein de l'affectif, puisons les sons, et exprimons musicalement les essences.
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