Quand je dis: a, j'exhale de l'intérieur de mes poumons. Quand je passe au o, au e, au u, au i, j'exhale de moins en moins profondément, en souffle décroissant du o au i.
Ceci est signe donc de la somme de vérités décroissantes que chaque voyelle respectivement prononcée contient.
Donc métaphysiquement, la plus riche des voyelles est le a universel, et la plus pauvre de toutes est le i, en passant intermédiairement du o au u.
Ainsi s'explique l'excellence des musiques.
Plus belles sont celles aux a éblouissants de profondeur, et dont la modulation est sans fin.
Mais le a, à la longue, se fatigue, — comme toutes les lettres prononcées en fait, — car la musique perd souffle dans l'universel et doit revenir à la terre. Pour preuve, le a soutenu assez longtemps bientôt passe dans l'impalpable du chant, dans l'éblouissant invisible insonore, et devient plutôt que perçue par l'oreille.
Le o pourra être plus longtemps maintenu que le a. Et plus longtemps encore pourra l'être le o, que le e et le u.
Le i peut être tenu parfaitement pendant longtemps, sans passer dans l'impalpable — signe même que c'est le plus “localisé” des sons, et que le a est le plus universel de tous, à essence plus sublimée.
Ainsi que je dis: a, le a semble venir de partout, être un universel son à la chambre où je le prononce. Et plus je descends au i, par le o, et le e, plus je localiserai le son, jusqu'à la lettre i, qui ne peut venir que de ma bouche.
Aussi la musique où le a prédomine est la plus universelle de toutes. Mais de même qu'il m'a été difficile de maintenir le a sonore en le prononçant indéfiniment, de même il est difficile au compositeur de se maintenir sur une telle altitude, et bientôt il perdra souffle et bégaiera en aphasique, et le son disparaîtra dans l'évanescent et l'abstrait, car l'homme se diluera alors en lui-même, lorsqu'il cherchera à passer dans des voies spirituelles trop fortes pour lui, comme une feuille s'inhibe devant un courant d'air trop violent. Et le compositeur, brisé par le souffle, tombera en archange déchu.
Ainsi les musiques inférieures soit resteront à terre dans le i ou dans les voyelles inférieures, ou emprunteront la voie d'un a artificiel, déformation du a angélique et princier, du souffle venant des pleins poumons de l'âme.
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